Peter Kosminsky

Depuis dix ans, le réalisateur britannique dénonce les failles de l'Etat ou des institutions avec des téléfilms tirés de la réalité.

C'EST l'un des réalisateurs les plus doués de la télévision britannique. On a du mal à imaginer que ce cinéaste aux allures d'étudiant déclenche des controverses nationales. Chacun de ses films est un combat. Warriors, multiprimé, l'a fait connaître dans le monde entier. Mais ce radical développe depuis dix ans une oeuvre d'une rare cohérence.
C'est à cause d'un chagrin d'amour que Peter Kosminsky est entré à la BBC. Un virage à 100 % pour l'étudiant en chimie qui a besoin de changer d'air. Pour renouveler le cercle de ses amis, il se tourne vers le théâtre étudiant. En 1980, ses études terminées (Oxford), il pose sa candidature à la télévision publique. « A l'époque, on pouvait naviguer d'une unité de programmes à l'autre. Une extraordinaire formation. »
Kosminsky travaille d'abord au département Fictions unitaires, une unité très cotée où sont passés des gens comme Ken Loach. Mais il se fait virer au bout de trois mois. Il propose ses services à l'unité Information des programmes de nuit. « Je ne suis pas journaliste mais je suis libre, précise-t-il. Je peux travailler gratuitement avec mes indemnités. » On le met au desk. Nouveau désastre. « J'avais des idées politiques arrêtées, je m'intéressais au mouvement des femmes. Un jour, j' ai proposé un sujet sur les tampons hygiéniques et la TVA. » Finalement on lui fait faire des petits films, des mini-reportages qui racontent une histoire, tournés le jour et diffusés le soir même. Ce n'est pas de la fiction mais il se forme et découvre quelque chose qui lui plaît vraiment : mettre en scène des gens ordinaires sur des sujets contemporains.
En 1985, Peter Kosminsky quitte la BBC pour Yorkshire TV (une des composantes de la chaîne privée ITV) où il réalise et produit de nombreux documentaires pour le magazine « First Tuesday ». En 1987, Les Malouines, révélations sur une tragédie crée l'événement. Ce document de deux heures n'est pas seulement la reconstitution - extraordinaire - d'une guerre gagnée par les Anglais et perdue par les Argentins, il ne donne pas seulement à voir les images d'un conflit terrifiant, il les fait commenter au fur et à mesure par ceux qui se sont battus - ils faisaient leur devoir - dans les deux camps, dans un effort d'objectivité rare et bouleversant. Pour la majorité des Britanniques, la guerre des Malouines est un chapitre glorieux de leur histoire, mais ceux qui parlaient dressaient un tableau différent ! Des parlementaires ont tenté d'empêcher la diffusion du film. Programmé à la même heure que « Dallas », Les Malouines ont réuni dix millions de téléspectateurs, plus que le feuilleton.
Peter Kosminsky a montré là ses qualités : hauteur de vue, indépendance, professionnalisme, humanisme engagé. Une formidable capacité aussi à vaincre les obstacles. Il a fallu convaincre, des deux côtés, de la nécessité de témoigner. Six mois de négociations avec chacune des armées, des mois pour avoir le droit de filmer, des mois pour trouver des documents inédits. Le cinéaste a enfin pu mettre en pratique ce qui va devenir sa méthode : filmer des gens ordinaires, confrontés à des situations ordinaires ou extraordinaires.
En se tournant vers la fiction, il poursuit la démarche documentaire. Tous ses téléfilms sont inspirés de faits vrais et jouent à la limite des deux genres, tirant leur force de cette frontière floue. Shoot to Kill, fondé sur l'affaire Stalker (1990), The Life and Death of Philip Knight, sur le suicide d'un jeune dans une prison (1993), L'Affaire Devereux, la mort d'un juste, sur la mort d'un travailleur Unicef en Somalie (1994) , Voleurs d'enfance, sur une fillette victime d'abus sexuels (1997), Walking on the Moon, sur un écolier victime de la violence de ses copains (1999), Warriors enfin (1999), tous s'appuient sur une recherche approfondie auprès de ceux qui ont vécu le drame. Des mois d'enquête, de vérification, des centaines d'heures d'entretien.
On peut critiquer le procédé, l'ambiguïté du vrai et du faux. Kosminsky fait partie de ceux pour qui la télévision est un média puissant qui implique des responsabilités. La fiction est pour lui « le meilleur moyen de toucher un large public pour réfléchir aux questions difficiles. Elle permet d'insuffler une vie qu'on ne retrouve pas dans les reportages et d'accéder aux créneaux de forte audience ». Avec une diffusion à 21 heures, Warriors a été regardé par neuf millions de téléspectateurs ! C.H.

Director Peter Kosminsky will begin shortly with the casting for his biopic about Prince Harry. His favorite for the role of the rebellious are blue-blooded - screaming! - Robert Pattinson, Rupert Grint.

Kosminsky was among the guests on 'The Evils of War' (BBC, tx. 21/11/1999), a Heart of the Matter edition discussing issues raised by Warriors, and eleven years after his first visit he returned to Ahmići for The South Bank Show (ITV, tx. 24/5/2009). There he met local residents, including the son of the family whose massacre Warriors depicted, and entered the house which had prompted one of its most chilling scenes.

Matthieu a écrit:Peter Kosminsky – Making Mischief at BFI Southbank in December 2011

In 1992, casting director turned producer Mary Selway hired documentary filmmaker Peter Kosminsky to do a most audacious thing: make a new version and capture the whole story.
Telling two stories over a generation was the most daunting aspect of the project – that and casting the leads. In a still contentious decision, Selway and Kosminsky chose newcomer Ralph Fiennes for Heathcliff and – horror! – French actress Juliette Binoche as Cathy.
The scope of the story meant that the screenplay, by Irish writer Anne Devlin, encompassed 27 turbulent years – from spring 1775 when the 12-year-old Heathcliff enters the Earnshaw household, until his death in 1802. Devlin also introduced an eerie prologue and epilogue in which the figure of Emily Brontë, played in an uncredited cameo by Irish singer Sinéad O’Connor, opens and closes the film.
“Cathy just isn’t a modern part,” said Kosminsky. “She’s capricious and sexually manipulative. She flaunts her sexuality and she uses it. She’s precocious and she’s elemental. And she shines like a kind of beacon in this tiny, isolated moorland community of 200-odd years ago. She’s the kind of character who comes along maybe once in ten generations in a place like that.”
Much maligned, Emily Brontë’s Wuthering Heights (as the film was advertised) is actually the closest in style, mood and atmosphere to the novel. It is underpinned by Ryuichi Sakamoto’s ghostly score. Fiennes’s magnificent performance is soaked in dread and vengeance; Binoche, wavering accent aside, is more than acceptable as the wild child of the heather. Kosminsky succeeded in his quest: to make the movie a visual metaphor for the choice between head and heart.[...]
Emily Brontë’s Wuthering Heights is an exemplar of gothic romance. It is a story of naked emotion, madness, obsession, death, revenge, the supernatural and, at its end, redemption.
Few films have managed to authentically recreate such ingredients. Kosminsky, Fiennes and Binoche came closest. Said Mary Selway in 1992: “You have to honour the book and honour the writer’s intention of what she wanted to achieve in the book but make that in film terms. The story absolutely lends itself to a miniseries – the size of it is so vast – but it needs the largeness of the screen filled with the Yorkshire moors.”

As the BFI honours him with a season, the campaigning filmmaker tells the story of his long and distinguished career

Spoiler:

On the films which defined the creation and moral degradation of New Labour

Matthieu a écrit:Peter Kosminsky joins BFI Board of Governors (BFI, 15 février 2012).

• YOUNG MANDELA (Film 4/Potboiler) - Film, An adaptation of the book by David James Smith
  
• THE SPARE (Daybreak Pictures/BFI/Film Council) - Film
  
• MEDICAL LAW (Daybreak Pictures/Channel 4) - TV, A fictional drama about hospital doctors working in a litigious age
  
• UNTITLED POLITICAL THRILLER (Daybreak Pictures/Channel 4) - TV
  
• ADAMS (Daybreak Pictures/Element Pictures) - TV, For BBC Northern Ireland

Vendredi 20 avril 2012 de 21h30 à minuit, Peter Kosminsky répondra en direct à vos questions sur la notion d'engagement dans son œuvre. (source)