Stonehouse, en France, sur Arte

Cette mini-série portée par l’excellent Matthew Macfadyen, revient sur l’histoire vraie d’un membre du Parti travailliste devenu informateur pour la Tchécoslovaquie. Ce soir à 20h55 sur Arte.
Pourquoi s’enquiquiner à faire des séries longues de six, huit ou dix épisodes quand trois, rondement menés, suffisent à notre bonheur ? C’est l’une des leçons de cet étonnant objet télévisuel. L’autre, sautant aux yeux, est que l’acteur principal, Matthew Macfadyen, révélé au monde entier grâce à son rôle de Tom, pièce rapportée au sein de la famille Roy au centre de la série « Succession », conforte sa place dans l’élite des comédiens d’aujourd’hui.

Avec une maestria exemplaire, il incarne un autre idiot arriviste mais qui a, cette fois-ci, bel et bien existé : le député anglais John Stonehouse. Selon une structure classique, la mini-série raconte l’ascension et la chute de ce membre du Parti travailliste dont les déboires ont défrayé la chronique dans l’Angleterre corsetée des années 1970.

Vide abyssal de la classe politique
Et pour cause : il a d’abord été accusé de vendre des informations confidentielles au gouvernement tchécoslovaque, puis d’avoir simulé sa disparition en mer avant de se faire repérer, bien vivant, en Australie. En interprétant ce faux ingénu capable de berner sa famille pendant des années tout comme les médias, son parti et le Premier ministre de l’époque, Matthew Macfadyen déploie un jeu élastique, passant de l’employé modèle inepte au séducteur, de l’empoté au stratège ou au menteur pathologique…

A cet égard, il rappelle parfois le regretté acteur britannique Peter Sellers et son art du comique, toujours sur la corde raide. Si les trois épisodes sont tout à fait distrayants, ils convoquent également d’autres souvenirs, comme celui de l’affaire Romand, du nom du menteur pathologique devenu criminel, ou le profil de l’élu républicain américain George Santos, coupable de nombreuses affabulations ces dernières années.

En creux, ce John Stonehouse raconte également le vide abyssal d’une classe politique trop occupée à compter ses voix pour examiner de quelle matière sont vraiment faits ses représentants. En l’occurrence, contrairement à ce que laisse penser son patronyme, non pas de pierre, mais plutôt de bois friable, celui des planches pourries.